Post detail : Je débute, acte 4
Je débute, acte 4
Voilà « déjà » la dixième sortie foil dans la poche !
On retrouve Hervé que l'on avait laissé à ses premiers vols sans straps arrière. Entre temps, le bougre a un peu progressé et nous livre ses nouvelles sensations. Encore une fois, remercions le de livrer en direct son ressenti pour le partager avec vous tous
"
Voilà « déjà » la dixième sortie foil dans la poche ! C'est presque géant et rien du tout à la fois.
Mais il est possible de tirer un enseignement sur un élément essentiel au vol : « comment aborder la pratique au harnais ? ».
Progression
Ce qui aura marqué cette première phase de progression, c'est bien la recherche permanente du meilleur compromis entre la configuration « mains libres » (harnais décroché) et le contrôle du vol au harnais... Au tout début, il est fortement recommandé de laisser cet appendice au vestiaire. L'équipe de GlissAttitude envoie les novices sur l'eau « à poil». En effet, une bonne pelle est toujours moins désagréable quand on est libre ! Tout le monde connaît la sanction d'une chute, harnais accroché...
J'ai toutefois opté pour l'utilisation de ce dernier dès la première sortie (mauvais élève !) mais en prenant trois précautions de taille :
- utiliser un harnais de type ceinture (crochet haut),
- disposer de bouts réglables très longs
- installer les deux attaches velcro des lignes côte à côte sur le wish à la mode « single ».
L'idée maîtresse étant de survivre, voyons pourquoi ces trois options sont fondamentales ! Ma réaction lors du tout premier décollage, outre l'intense plaisir et la surprise, a été de refuser la montée de ce «foutu » mât !... Le fait d'être libre par rapport au gréement donne toute confiance pour contrôler la puissance et ainsi être sûr de pouvoir « descendre de l'arbre » au cas où. Relativement rassuré (je n'ai pas dit serein), on découvre les premiers petits vols en se gardant bien de se rendre prisonnier du gréement. Mais les années passées à envoyer des runs longue distance à travers l'estuaire de la Gironde m'ont formaté à l'usage du harnais et dès la première session de foil, j'ai accroché, certes avec un pincement au cœur... On ressent instantanément une sorte de contrainte mais la configuration décrite permet de naviguer en mode « harnais automatique » ; comprenez par là que les lignes sont à peine en tension et se décrochent d'elles-mêmes lors d'un léger rapprochement du corps et du gréement. Cette « fonction automatique » est parfaitement illustrée par le rush vidéo présenté précédemment (acte trois). Cette astuce permet de se lancer au harnais sans pour autant être piégé. Dès que les lignes se décrochent, c'est le soulagement et dès que la pression est retombée, on raccroche si on veut en plein vol ; c'est comme brancher une prise, c'est simple !
Mais au bout du compte, le but ne consiste pas à voir les lignes se décrocher constamment pour le plaisir de les raccrocher... Au fil des sessions, je n'ai donc cessé de les raccourcir (actuellement encore 30 cm !). Nous sommes ainsi prêts à voler en mode hybride, alliant sécurité et efficacité.
Mais au fait pourquoi un harnais ?
Le foil est doux et la puissance nécessaire au vol sur une aile « Xtrem Light Wind » avec une voile de race – trois cambers 7,3 (mes dernières sessions par force 3-4) est modérée. Toutefois, quand vous abordez des vols de plus d'un kilomètre d'un trait sur des sessions de plus de deux heures, à moins d'être gaulé à la Scharzenegger, il faudra bien faire passer une partie de la puissance par le harnais car les affaires prennent assez rapidement un tour physique...
Mais attention, le véritable avantage du harnais n'est toujours pas dévoilé et va bien au-delà d'une simple histoire de « farniente » ; c'est ici que tout se corse... A mains nues, le vol est une belle partie de « feeling à l'état pur ». Les sensations sont pointues et le corps est en recherche permanente d'équilibre ; c'est naturellement ce qui était visé pour progresser. Mais le revers de la médaille se paye sous la forme d'une légère instabilité en cap et en hauteur (c'est très net sur le rush vidéo acte 3) ; du vol en quelque sorte « sur-contrôlé » où le pilote se cherche et où l'ensemble commence à ressembler à une étrange danse... C'est exactement le point où l'envie de s'accrocher reprend le dessus car le fameux « susucre » est au bout des bouts...
Dès que les lignes de harnais entrent en tension même légère, le vol se stabilise, la trajectoire gagne en fluidité et le plaisir et les craintes grimpent !... De fait, le p'tit peu que l'on a perdu en liberté se retrouve en stabilité. Effectivement, les lignes de harnais viennent compléter, renforcer et donc stabiliser la liaison pilote-gréement. Mais les surventes rôdent et l'équilibre demeure délicat comme le montre la vidéo jointe. Donc ne pas perdre de vue la nécessité de disposer de tout le gradient d'ajustement en finesse nécessaire au contrôle du vol pour s'éclater mais pas au sens littéral du terme !
En pratique
Les lignes suffisamment longues (je suis actuellement à 30 cm) et un point d'attache type « single » comme le pratique Criss sont la clé de cette liberté dans le pilotage ! Ce que j'appelle le « harnais automatique » n'est toutefois pas un but en soi ; le prix en est de facto un défaut de puissance dans le light (dans la dizaine de nœuds). Comme je le commente sur le rush, on est alors obligé de reprendre à mains nues pour maintenir le vol dans les souffles asthmatiques...
Vive la liberté accroché car cela permet finalement de foiler au harnais sans plus trop s'en rendre compte, c'est à dire en « totale » confiance ! Et là, on peut affirmer que le but est atteint ou presque...
Bons vols !
"