LOKEFOIL LK Race 2020
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27 August 2019 by Eric Glissattitude
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2 ( Last 26 August 2019 by Eric Glissattitude)
Programme : La zone verte situe le programme d'utilisation dans la fourchette FREESTYLE / FREERIDE / FREERACE / RACE
Price : 2700.00 €
Après l’Envol, puis le LK1, lokefoil propose désormais un modèle de race dans sa gamme. Ce foil est issu des développements menés avec l’aide de William Huppert, dans le cadre de sa participation aux diverses courses élite foil (PWA, IFCA, France).
Comme Loke dispose déjà d’un foil assez polyvalent et plutôt réputé, le cahier des charges du LK Race était assez clair : une machine sans compromis pour naviguer en mode Up & Down avec des grandes voiles (de 8 à 10m) et des planches très larges. Comme on pouvait s’en douter, le résultat est un foil avec un mat de plus de 1m, un fuselage immense, et une aile très puissante.
Compte tenu du process de production utilisé (RTM) et des moyens de production, loke a préféré rester sur un ensemble Mat / Fuselage monobloc (non démontable). Pour que l’ensemble reste transportable, Loke a opté pour un design original en réalisant la jonction aile et stab sur une portion de fuselage. Cela permet d’avoir une hydrodynamique très efficace autour de la jonction aile / fuselage, mais a nécessité de concevoir un fuselage très imposant autour de la jonction.
Pour finir, ajoutons que la construction fait appel a une quantité non négligeable de carbone M40J pour garantir une rigidité extrême. En comparaison avec les autres foils du marché, le LK Race se situe clairement dans le groupe de tête se ce critère, avec en particulier une rigidité en torsion phénoménale.
Le Lk Race étant homologué PWA, son design est stabilisé depuis Mars 2019. Seuls quelques détails de construction ont évolué depuis ce moment, dans l’objectif de le rendre plus fiable (en particulier autour de la jonction Aile / fuselage). Les moules définitif sont en cours de réalisation, mais la commercialisation a déjà débuté au tarif de 2700€ (1 aile).
En fait, je viens de tester enfin cette aile MS725 décrite comme aile de "slalom-race"...
Mais cette découverte revêt un caractère particulier en raison d'un vent tout particulièrement instable variant entre 10 et par moments plus de 20 kts. C'est en soi une contrainte pour apprécier un nouveau matériel mais c'est surtout une chance unique de balayer en une seule session les deux domaines pour lesquels cette aile est justement donnée ; à savoir son caractère "slalom" dans les vents médium et "race" au delà...
Je rappelle tout d'abord le combo utilisé pour ce test pour un rider de 78 kg et 1.75 m :
- flotteur Patrik 91 200 Litres Airinside,
- position pdm à 116 (mesuré depuis la boulonnerie avant DTT) correspondant aux recommandations de base de Loke,
- straps AV plein avant ; straps AR plein AV de la position la plus AR car il y a deux positions AR possibles ; en clair un stance de 54 cm,
- voile Vapor Air Ga Sails de 7 m² trimée "constructeur",
- lignes de harnais à taquets coinceurs de type "race", réglés la plupart du temps de cette session sur 46 cm. Cette longueur conséquente permet d'adopter une position de pilotage de recherche de vitesse et de contrôle optimal de la puissance en déverrouillant les genoux pour exercer un maximum de transfert du poids dans le harnais en descendant le bassin,
- un stabilisateur calé à 1° à piquer pour le foil de manière à réduire l'éventuelle tendance du foil à monter,
- l'angle de rake fixé par la platine de carène défini par Loke est de 1° seulement ; cela peut paraître faible mais m'a toujours satisfait sur ce flotteur.
Avant de rentrer dans les chiffres et les relevés GPS et la polaire, je voudrais en résumé simplement dire que cette aile est du pur plaisir en pilotage et en performances.
Justement, question perfs, voici les résultats essentiels :
C'est une aile très agréable, rapide et nerveuse qui se comporte remarquablement bien pour remonter au près dans la brise avec des VMG qui passent les 10 kts et qui déboule au largue 125°/v à 21-22 kts dans une douceur de conduite incroyable ! Avec ce combo et notre pdm toujours à 116, la vitesse de décollage mesurée à plusieurs reprises se situe à 12-13 kts environ.
Je joins à cet essai la polaire fournie par le logiciel de Yann Mathet.
Voici cette fois l'étude détaillée de cette aile à l'issue de la deuxième session toujours avec le même combo Patrick 200 AirInside et Vapor Air de Ga Sails en 7.0 m² et dans des conditions toujours autant "débiles".
Tout d'abord, juste le rappel des chiffres déjà mentionnés dans mon dernier post : Des VMG qui passent les 10 kts et des vitesses au largue 125°/v à 21-22 kts dans une douceur de conduite incroyable ! Avec ce combo et notre pdm toujours à 116, la vitesse de décollage mesurée à plusieurs reprises se situe à 12-13 kts environ. Après une session complète dans des conditions encore une fois difficiles en raison de la forte instabilité du vent, voici le portrait que je pourrais dresser en ayant exploité cette aile sur environ cinq heures de navigation entre 15 et 25 kts de vent :
Le décollage
C'est effectivement la premier feeling que l'on acquiert sur une aile. En l'occurrence, c'est la souplesse et la progressivité qui ressortent. On est bien loin de l'aile "L" où l'on pouvait se permettre de lever en quelques mètres ! Cette 725 demande tout simplement de laisser partir le flotteur au planning et lui laisser atteindre suffisamment de vitesse au vent travers. Il est très important d'abattre franchement pour réaliser cette opération en toute élégance. Le combo s'allège alors en douceur et la transition vers le vol est à la limite du perceptible. Il faut bien observer car c'est hyper doux et c'est au bruit plus que tout que l'on identifie le début de la phase de vol ! C'est tout juste si cela ne pose pas un problème pour le relevé de la vitesse de décollage ; les yeux rivés sur le GPS...
Si l'on a chaussé le strap AR en finale de phase d'accélération au planning, un très léger pumping sur le foil permet de lever plus franchement et de resserrer le vent dans la foulée de manière instinctive.
Le près
Une fois en vol, il est tout à fait naturel de resserrer le vent de manière à faire monter au plus vite le vent relatif. Si cette 725 se prête parfaitement au jeu, on ne tarde pas à être un peu désorienté au début par la technique de négociation d'une rafale. Je rappelle que ces heures de vol ont été réalisées dans un vent particulièrement technique, oscillant entre 10-12 kts et 20-25 kts... Le réflexe dans une risée puissante est de resserrer le vent ; c'est très efficace et surtout indispensable avec une aile de grande surface. Mais en ce qui concerne notre "MS", si le le fait de "rentrer dans la rafale" est efficace, on est surpris par la baisse du régime de vol dès que le vent revient à la normale. Il devient rapidement évident qu'il est nécessaire d'ouvrir son angle par rapport au vent de manière à conserver une hauteur de vol constante et pour éviter même d'aller jusqu'à un posé en glissade (touchette longue). C'est vraiment nouveau par rapport à une aile de light-wind et une fois l'astuce pigée, il devient enfantin de jouer avec les surventes car l'aile répond au doigt et à l'œil, du moins au moindre appui sur le flotteur. Aile joueuse donc et sensible ; c'est beaucoup plus vivant et très agréable ; le jeu s'installe dans la confiance et la facilité. Et si l'envie vous en prend, la contre-gîte lui va parfaitement et je vous renvoie aux chiffres relatifs à la VMG. Là encore, la bête se prête au jeu sans renâcler ; mais il lui faut impérativement un minimum d'une quinzaine de nœuds de vent pour que cet exercice soit plaisant.
Le travers et le largue
C'est naturellement à ce stade que l'on attend cette aile ! Le Loke race a souvent été décrit (en version aile "L") comme fougueux et dédié essentiellement au programme "up and down". Cette aile apporte une dimension nouvelle à ce foil en lui permettant de se prêter avec maestria au vent travers comme aux descentes dans le vent... C'est toujours sur la pointe des pieds que l'on aborde ce domaine car les craintes sont bien là, surtout avec des rafales au-delà de 20 kts... Le foil ne va-t-il pas avoir tendance à sortir de l'eau ? Tous les vent-travers se sont révélés sécurisants ; le pied AR abandonne le strap et vient se positionner juste à côté sous le vent ou très légèrement en avant du strap. La glisse est impressionnante car la vingtaine de nœuds est quasi automatique sans aucunement avoir besoin de prendre la position de recherche de vitesse en déverrouillant les genoux.
Encouragés par ces performances, il est alors très facile (bien que la gorge un peu serrée au début) d'abattre dans les 120° par rapport au vent... C'est alors un ravissement, mais l'on retombe là dans un exercice qui est déjà acquis avec l'aile "L". La nouveauté, c'est que la vitesse est nettement supérieure et le plus remarquable, dans un confort de pilotage qui permet des ajustements d'appui par simples variations d'inclinaisons du haut du corps. Le pied AR situé aux environs de la ligne centrale du flotteur (légèrement au vent) n'est pas aussi reculé qu'avec la grande aile et il est peu fréquent de devoir faire varier cet appui ce qui contribue encore à ce sentiment de sécurité malgré un vent relatif qui décoiffe... A ce sujet, j'ai noté un effet "pervers" mais qui va dans le bon sens ; il n'est même plus nécessaire de creuser la voile au grand largue ou du moins pas autant qu'avec une aile de light wind.
L'airjibe et la polaire
L'envoi d'un jibe est l'aboutissement logique d'une abattée au largue et par conséquent, de par les résultats précédemment décrits, on se sent en totale confiance pour envoyer même de manière radicale ce type de manœuvre ! Et c'est un véritable festival. Je rappelle d'ailleurs que les airjibes passent "correctement" avec l'aile de 560, mais il faut s'appliquer. Par contre, la 725 engage cette manœuvre avec suffisamment de vitesse pour que l'on réalise sans être un virtuose des aijibes particulièrement harmonieux aux alentours de 14 kts de moyenne avec des points bas autour de 12 kts. Que du bonheur !
C'est ainsi que la polaire (voir PJ) prend un configuration "grassouillette" avec des ailes à la mode "chauve souris", c'est à dire avec les lobes de vitesses vers le grand largue et le vent arrière particulièrement développés.
Happy End
En résumé, j'oserais presque dire que cette aile pourrait même supplanter l'aile "L", du moins pour un rider de gabarit ne passant pas les 80 kg. Mais là, je m'aventure sur un domaine qui me reste à explorer et je reviendrai vers vous pour en rendre compte. Il s'agit d'exploiter cette aile de 725 dans des airs légers autour de 10-12 kts avec une 8 ou 9 m². J'ai hâte !... Ce serait peut-être l'occasion de replacer ce foil de race (du coup slalom-race) à sa "juste" place ; à savoir un outil de tous les jours et pas seulement un engin élitiste !
Décollage
On ne va pas faire durer le suspens plus longtemps : le Lk Race est à ce jour le foil avec lequel nous avons décollé le plus tôt en terme de force de vent. Entre sa puissance extrême et son caractère très nerveux , nous avons tous les ingrédients pour faire ce de foil une arme d’ultra light. Sur ce terrain, il se permet donc de détrôner nos références que sont le Starboard Race + (aile millenium), Phantom R et le F4 race 2019.
Comme avec les autres foils de sa catégorie (F4 race, Phantom R, NP F4 Racing, Starboard Race), non seulement le loke race décolle très tôt, mais il a immédiatement une glisse très impressionnante. Ainsi, même dans des vents inférieurs à 8 knt, il ne faut que quelques dizaines de mètres (en étant actif évidemment) pour se retrouver à 20knt de vitesse ! Attention, avant que tout monde se jette sur sa CB en espérant voler dans 5 knt avec 6m2, je précise que ces performances ne sont actuellement possibles qu’avec des voiles énormes (9 ou 10m2), un gréement parfaitement réglé et optimisé (mat), et une technique de pumping très aboutie avec ce type de matériel. Vous vous doutez bien que cette puissance extrême nécessite des réglages et des équilibres parfaits pour être exploitable et contrôlée.
Stabilité
Comme tous les foils de race, le Loke ne déroge pas à la règle et offre une conduite ultra stable, très bloquée. C’est la seule solution pour permettre de contrôler à la fois un flotteur encombrant et un gréement gigantesque. Une fois n’est pas coutume, je ne vais donc pas décomposer le comportement sur les 3 axes. Disons que ce comportement est quasi identique aux foils cités ci-avant. Je vais plutôt m’attacher à décrire les différences de sensations ressentis.
Comportement
La première sensation évidente qui ressort des tests du loke, en comparaison avec ses concurrents, est son caractère nerveux voir fougueux. L’un de mes acolytes de test a eu un qualificatif assez parlant retrouve : il l’a comparé à un ‘taureau fougueux’ : de la puissance et de la nervosité jusqu’au bout des cornes ! Dans les faits, ceci se traduit par des réactions vives et intenses à la moindre erreur de la part du pilote. Ainsi, si des foils comme le F4 Race ou le NP F4 Racing vont plutôt gommer vos erreurs, ne comptez pas sur le loke pour vous faire une fleur ! En fait, on retrouve beaucoup de points communs avec le LK1 en terme de feeling. Les yeux fermés, on a exactement cette même sensation de rigidité mais de nervosité. On ressent plus que d’autres foils les déformations de la structure, mais on sens que ce sont des déformations de très faible amplitude (raideur très importante), avec un retour au neutre extrêmement rapide.
Ce comportement n’est pas rassurant au départ, mais compromet finalement assez peu le contrôle. Ainsi, le Loke reste étonnement gérable dans des conditions de houle bien formée .. alors que l’on s'attendait à se faire vite désarçonner après notre premier test sur le plat. Sa force : même si on ressent les déformations de la structure, celles-ci sont tellement faibles qu'elles ne mettent pas en défaut la conduite du foil.
La 2e sensation qui caractérise le Lk Race est son énorme puissance verticale et latérale.
Verticale, cela veut dire que l’aile génère une portance monumentale, à même de maintenir en l’air n’importe quel gréement de 9 ou 10m. Evidemment, c’est le caractère qui lui confère cette telle capacité à voler dans l’ultra light, mais aussi à boucler un gibe en l’air quasi à l’arrêt. En contrepartie, il faut régler les straps assez en avant (d’ou l’intérêt de la Starboard 144) et toujours garder de la pression sur le pied de mat (appui vers le bas dans le harnais). Lors de notre test en 8m2, j’avais calé le stab avec la plus grosse cale négative, et il faut bien ça pour ne pas sortir de l’eau à la moindre rafale. Pour toutes ces raisons, il est hors de question d'utiliser le Loke race si on n'a pas un minimum de niveau technique en foil et des voiles et flotteurs adaptés.
Puissance latérale : le mat du loke est un véritable « mur ». Cela participe clairement à son décollage très précoce car cela rend le pumpig avec les pieds très efficace. On a un appui franc et massif qui permet d'optimiser les mouvements de pumping et le rendement de la voile. En contre partie, il est essentiel d'associer le loke avec des flotteurs très puissants, si vous ne voulez pas y laisser vos chevilles. Notre Foil 144 de 87cm de large est clairement un minimum : ce foil est avant tout conçu pour s'associer aux flotteurs de course jauge PWA (91cm).
Dans le vent
Quand on teste le Lk Race dans le light, on a du mal à s'imaginer comment il peut être gérable dans le vent ! La réponse est simple : "près serré". Et oui, n'oublions pas que ce foil est conçu pour un format de course Up&Down. Bien évidemment, calé contre le vent en mode cap extrême, le contrôle se fait sans trop de problème. Je l'ai ainsi emmené jusqu'à presque 20knt en 9m (en serrant les fesses quand même !). Idem au grand largue : le fait de faire chuter le vent apparent permet des descentes quasi vent arrière sans se faire éclater.
Dans ces conditions, j'ai par contre bien du mal imaginer utiliser le Lk Race sur des bords travers ... à moins de franchement baisser en voile, mettre le wish tout en bas, avancer les straps à fond .. et fermer les yeux ;) Le problème, c'est qu'avec une petite voile, il n'y a plus grand chose pour mettre du poids sur le nez du foil .. ça peut vite devenir sport car il ne cherche qu'une chose : sortir de l'eau.
Compte tenu de l'évolution des courses au format PWA où le foil devient de plus en plus présent, Loke a développé 2 ails plus petites (S et M) qui vont permettre d'utiliser le LK1 dans le vent sans s'accrocher aux branches.
Au cap
Comme c'est l'allure favorite de ce type de foil, nous l'avons confrontés à ses concurrents directs sur des parcours carrés. Avec notre niveau technique, nous avons globalement tiré partie du loke dans toutes les phases de vent léger, où sa puissance permet systématiquement de prendre l'avantage sur les autres. Il a une telle aisance dans ces conditions que cela peut vite devenir énervant pour les autres. Par contre, quand le vent prend des tours, nous avons eu plus de mal à transformer cette puissance en vitesse, et les F4 , Starboard et Phantom sont repassés devant.
Au (grand) largue
En mode descente au vent, le loke fait encore une fois parler sa puissance et sa capacité à tenir en l'air avec très peu de vitesse. Il permet mieux que les autres de passer les molles, tout en gardant une allure très proche du vent arrière. Ce n'est pas toujours payant en terme de VMG, mais ça pemet des fois de passer quand les autres vont poser.
Dans la houle, son très grand mat permet de surfer avec une certaine aisance en touchant assez rarement.
Bilan
Si j'ai été un peu long sur la description des sensations ressenties sur le Lk Race, c'est que l'on a clairement ici un foil qui ne laisse pas du tout indifférent. A condition d'avoir un équipement cohérent avec le foil, il y a de quoi prendre son pied dans des conditions un peu spécifiques. Ce foil bouscule nos références en décrochant par exemple la palme du décollage le plus précoce. Par contre, ce n'est clairement pas un foil "de tous les jours" pour naviguer travers avec les potes dans un peu de vent. Homis situation un peu exceptionnelle, et si on ne fait pas de la course, il me parait compliqué de n'avoir que ce modèle pour naviguer ... mais l'arrivées des nouvelles ailes S et M va probablement changer la donne !
Flotteurs : JP Freefoil Pro 115, Phantom IRIS R 85 et 78 MKII
Foils : Patrik AEON S, SabFoil Vento 85
Voiles : Severne Hyper 7 de 5 à 8m, Phantom IRIS X MKII 4.2, NP FreeFlight 4.0
Wisbones : AL360 RTE poignée LISA, LISA Foil T1000 175-225